Les cadres supérieurs de la fonction publique ne sont pas que des nantis !
Grands oubliés de
toutes les mesures prises pour les fonctionnaires, les cadres supérieurs
ne bénéficient au final que de la stricte application « du minimum
légal » qui, sinon, aurait ajouté l'illégalité à
l'injustice.
Ils sont ainsi les
marginalisés de l’agenda social sur le protocole PPCR (parcours
professionnels, carrières et rémunérations), les ignorés des questions
de temps de travail, et existent à peine pour les questions
de santé et de qualité de vie au travail.
La transposition aux
corps atypiques et aux cadres supérieurs des mesures d’amélioration des
parcours, professionnels, carrières et rémunérations des autres
catégories type A, B C avait pourtant bien été prévue
dans le protocole de 2015 que la CFE-CGC avait signé avec d’autres
organisations syndicales.
Une réunion programmée à
la rentrée, le 15 octobre 2016 a disparu des radars et ne figure plus à
l’agenda social. Cette négociation devait se tenir comme indiqué au
protocole au 2ème semestre 2016.
C’est donc un engagement du gouvernement non tenu pour le moment. Les cadres supérieurs sont les oubliés du protocole !
En cette période de
revalorisation générale, c’est une reculade des pouvoirs publics et une
régression pour les cadres supérieurs et la haute fonction publique.
L’écrasement des rémunérations va s’aggraver notablement
et la différence de traitement déjà très conséquente avec le privé va
encore s’accroître au détriment des cadres du public. Toutes choses
égales par ailleurs notamment sur les conditions de travail, les cadres
au forfait du secteur privé gagnent plus de 7%
de plus que les cadres qui n’y sont pas, ce n’est nullement le cas du
public.
Les cadres du public
auront reçu comme seule récompense de nouvelles obligations
déontologiques dont celle de publier leur patrimoine, mesure utile pour
s'assurer qu'à défaut d’être convenablement rémunérés par
la puissance publique, ils ne finissent pas par être payés par
quelqu'un d'autre, une suspicion généralisée intolérable !
A un moment où l’on
parle de réduire les effectifs, d’allonger la durée des carrières, et la
durée de travail, d’embaucher des contractuels plutôt que des
fonctionnaires, la haute administration est inquiète.
Elle est pourtant bien le garant de la continuité et de l’indépendance
de l’Etat au quotidien. Elle est l'articulation entre l'orientation
politique décidée démocratiquement par les citoyens et la mise en œuvre à
travers des politiques publiques.
La haute fonction
publique, absente des réformes statutaires, est pourtant indispensable
au bon fonctionnement du service public et à la mise en place des
réformes nécessaires des institutions. Elle assure
le maintien des valeurs de qualité, d’équité et d’excellence, ce qui
évite clientélisme et petits arrangements, mais elle est atteinte au
plus profond par un déficit de reconnaissance, à tous niveaux.
Un dossier complet de
propositions a été remis par la CFE-CGC Fonction publique à la DGAFP
pour maintenir un niveau cohérent entre les recrutements à l’ENA ou
Polytechnique des corps administratifs et techniques
auxquels nous sommes très attachés, et les rémunérations. Celui-ci plus
que raisonnable maintenait simplement la dispersion antérieure des
salaires qui n’est même pas de 1 à 5 du plus bas au plus haut niveau sur
le traitement alors qu’elle était de 1à 8 à
l’origine. L’écrasement de la grille salariale, dont ils sont les
premières victimes, préfigure en réalité ce qui attend l’ensemble des
autres catégories pour les prochaines années : plus rien ne bougera, car
on opposera à tous les agents les écarts très limités
entre les corps et l’impossibilité d’accorder des avantages salariaux,
sous peine de remise en cause de tout l’équilibre.
La DGAFP a porté un
projet minimaliste, arbitré par le gouvernement, évitant la
discrimination dans la catégorie A (les fameux 9 points primes) et
réduisant uniquement les risques avérés dès 2017 de dépassement
des cadres supérieurs par leurs collaborateurs cadres A type. In fine
l’acquis pour les cadres supérieurs est rien dans l’immédiat et sera de 9
points primes soit moins de 32 euros bruts mensuels pour une retraite à
taux plein un jour peut-être ! On imagine
aisément la motivation pour être promu dans cette catégorie. A titre
d'exemple : les candidatures au tour extérieur des administrateurs
civils ont chuté de 20% et les jeunes polytechniciens boudent les grands
corps d'Etat.
Ces personnels ont comme
défaut leur discrétion professionnelle et leur loyauté vis à vis de
leurs employeurs. Les "grands commis de l'Etat" ne revendiquent pas dans
la rue, ne critiquent pas l'autorité politique
à travers la presse. Les responsabilités assumées, l’exposition à la
pression politique, les dépassements sans compter du temps de travail
annihilant leurs congés (cf. rapport Laurent sur le temps de travail)
sont considérés comme quantité négligeable.
Ils ne méritent pas ce mauvais traitement. Ce dossier doit être traité mieux et rapidement.